10.12.08

Le Forum de Charlottetown

4 décembre 2008


Grâce à la générosité de Tim Borlase, membre du conseil d’administrationd de la CCA, qui a offert de me conduire en auto à l’Ile-du-Prince-Édouard pour la réunion d’aujourd’hui, j’ai enfin l’occasion de traverser le fameux pont qui relie l’île au continent. Tout au long de la route, nous suivons à la radio publique le drame politique historique qui se déroule dans la capitale nationale et comme nous arrivons à Charlottetown, le Premier ministre émerge finalement de Rideau Hall pour annoncer que la session de la 40ème Législature a été prorogée, ce qui permet au gouvernement d’éviter un vote de défiance de l’Opposition

Cela ne nous empêchera pas de tenir notre propre parlement dans une dépendance de la somptueuse maison Beaconsfield, face à la mer. Nous avons 26 personnes dans la salle, incluant le plus fort contingent d’artistes visuels rencontré lors de ces forums. La conversation est très animée et bien que les points de vue divergent souvent, ce parlement est si civilisé et discipliné que s’il le savait, le Président de la Chambre des communes envierait mon rôle de modérateur.

Une fois ma présentation d’ouverture terminée, la session plénière s’ouvre sur une discussion passionnée sur ce qui, selon une participante, devrait être la priorité du secteur, soit la promotion et la défense des formes élevées d’expression artistique. Selon elle, il faut défendre les oeuvres qui ont valeur durable et rejeter le mercantilisme et la culture populaire. Cette question est débattue sous plusieurs angles par les participants qui, tout en demeurant civils, rejettent cette notion et voient plutôt un continuum dans les diverses manifestations culturelles et artistiques. Ils s’inscrivent en faux face à une approche susceptible de diviser encore une fois un milieu qui cherche le consensus et l’unité d’action. Un autre participant souligne que si nous voulons convaincre de l’importance des arts ceux qui ont besoin de l’être, y compris les décideurs politiques, il faut utiliser leur langage et non pas essayer de les convertir au nôtre. Au total, il y a consensus dans le groupe quant à la sagesse d’une stratégie qui utilise le langage le plus inclusif possible lorsque l’on parle de culture.

Un participant avec de longs et distingués états de service dans le domaine des arts et de la représentation souligne le caractère cyclique des crises qui affectent le secteur, ce qui peut donner l’impression que nous faisons du sur place. Il dit qu’en concentrant nos efforts sur les politiciens, nous contribuons à perpétuer ce cercle vicieux car chaque fois que le personnel politique change, il nous faut recommencer à zéro. Mieux vaut travailler sur le long terme, avec nos enfants via l’éducation, avec nos voisins et nos communautés. Il faut accepter que le repositionnement des arts et de la culture dans la société canadienne est une entreprise de longue haleine.

Pur ce qui est des attentes face à la CCA, un intervenant considère que notre rôle le plus important continue d’être celui d’observateur attentif de ce qui se passe à Ottawa et d’en informer le secteur immédiatement et de façon claire et concise, tout en visant à intéresser le plus grand nombre sur des sujets parfois un peu ésotériques

Comme nous quittons la maison Beaconsfield, des milliers de corneilles ont envahi le ciel. Comme dans un cauchemar ou un film d’Hitchcock, elles forment de sombres guirlandes dans les arbres dénudés et couvrent litérallement le toit de la magnifique résidence du Lieutenant gouverneur. Le vacarme est assourdissant…

Cela devait être un présage car comme nous approchons de Moncton, les signaux d’alarme de la voiture s’allument un à un au tableau de bord et nous sommes chanceux de quitter l’autoroute avant de devenir une statistique! Le CAA prend le relais et il faudra que Tim trouve un autre véhicule pour aller à Frédéricton demain!

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